Texty: Théodore Botrel. La Lettre Du Gabier.
Hier matin, notre commandant
Nous a dit que le batiment
S'en allait partir a la guerre.
Par la presente, votre fieu
S'en vient vous dire son adieu, bonne grand-mere !
J'aurais bien voulu, 'core un coup
Mettre mes bras a votre cou,
Tout comme au temps de votre enfance ;
Mais, l'un et l'autre, oublions pas
Qu'a present votre petit gars est a la France !
Les camarades du pays
A leurs parents, a leurs amis,
Font aussi leurs adieux, bien vite,
Esperant que la lettre-ci
Vous trouvera vaillants, ainsi qu'elle nous quitte.
Je veux etre le mieux note
Pour m'en revenir brevete
Peut-etre meme quartier-maitre !
Avec mes galons frais cousus...
Je rirais si vous n'alliez plus me reconnaitre
Si je meurs - dame ! faut tout prevoir
Vous prierez pour moi, chaque soir,
Madame la Vierge Marie :
Dites-vous, dans votre chagrin,
que je suis mort en bon marin, pour la Patrie !
Voici qu'on sonne le depart !...
Embrassez, tout doux, de ma part,
Celle a qui chaque jour, je pense,
Qu'elle me conserve son c?ur ;
Il sera, si je suis vainqueur, ma recompense.
Nous a dit que le batiment
S'en allait partir a la guerre.
Par la presente, votre fieu
S'en vient vous dire son adieu, bonne grand-mere !
J'aurais bien voulu, 'core un coup
Mettre mes bras a votre cou,
Tout comme au temps de votre enfance ;
Mais, l'un et l'autre, oublions pas
Qu'a present votre petit gars est a la France !
Les camarades du pays
A leurs parents, a leurs amis,
Font aussi leurs adieux, bien vite,
Esperant que la lettre-ci
Vous trouvera vaillants, ainsi qu'elle nous quitte.
Je veux etre le mieux note
Pour m'en revenir brevete
Peut-etre meme quartier-maitre !
Avec mes galons frais cousus...
Je rirais si vous n'alliez plus me reconnaitre
Si je meurs - dame ! faut tout prevoir
Vous prierez pour moi, chaque soir,
Madame la Vierge Marie :
Dites-vous, dans votre chagrin,
que je suis mort en bon marin, pour la Patrie !
Voici qu'on sonne le depart !...
Embrassez, tout doux, de ma part,
Celle a qui chaque jour, je pense,
Qu'elle me conserve son c?ur ;
Il sera, si je suis vainqueur, ma recompense.
Théodore Botrel